Centenaire d’Olga

Le 4 avril 2024, Olga Dubois, née Germain, a fêté ses cent ans. Elle a longtemps tenu le café de la Paix rue de Cardenal.

Le 7 avril 2024, vous êtes venus nombreux à la salle multi-activités pour fêter le centenaire d’Olga, au lendemain de la double victoire de l’UAI, club de rugby dont elle est présidente d’honneur.

Plusieurs personnes ont tenu à lui laisser un message video (durée totale d’environ 22 mn).

L’image ci-dessous est extraite de vidéos d’archives tournées par Alain Dubois et projetées sur place.

Discours hommage lu par Véro :

Tres Chère Olga,

En ce jour exceptionnel, qui vous voit devenir centenaire,
quoi de plus joyeux qu’un bel hommage
pour cet extraordinaire anniversaire.

Ne soyez pas surprise qu’on soit si nombreux autour de vous.
Bien sûr vous êtes la Maman, la Mémé, la grand Mémé, la grand grand Mémé, même, d’une belle et nombreuse famille dont vous êtes fière mais c’est surtout la grande famille des « jeunes » du café qui vous entoure aujourd’hui de son affection.
Nous vous aimons tant et tellement Chère Olga. Et l’occasion nous est donnée, grâce à la belle initiative de vos petits enfants, de vous dire merci pour tous les moments inoubliables de notre jeunesse. Merci de nous avoir rendus riches de tous ces beaux souvenirs.
En nous recevant dans votre café, vous avez entouré des générations de jeunes de toute votre sagesse et de toute votre tendresse.

Ce café, vous y avez été serveuse pendant la guerre et c’est en 1960, encouragée par Titi, votre mari bien aimé, que vous en devenez propriétaire.
À partir de ce moment, tout en élevant vos 5 garçons, vous allez créer un vrai lieu, votre lieu. Car chez Olga, ce n’était pas un bistrot de poivrots mais c’était une atmosphère, un lieu de rendez-vous, un autre chez nous.

Alors, si vous le voulez bien, voyageons dans le temps, poussons encore une fois, la porte du Café de la Paix :

  • la télé est allumée, comme toujours avec Olga d’ailleurs. A une époque, ne pas oublier qu’elle était la seule à la détenir et beaucoup du village, je pense aux Legal, y passait leur soirée ;
  • dans l’évier, trempe la vaisselle avec toujours une goutte de javel, la Patronne est à cheval sur l’hygiène ;
  • le grand miroir face à la porte nous renvoie le beau sourire d’Olga.

Fermez les yeux, il est midi, à la table à gauche, les verres sont en place, face à eux le Russe, l’Anglais, le père Denuel et Jacquot Ribière dit la Pipe. Avant eux, avec discrétion, les femmes sont venues boire leur Dubonnet, la mémé Boineau accompagnée de la Gisèle,sa belle fille, la Titou et Antoinette Lescure, la tante de Martine…

On entre, on sort, on boit un verre, plutôt deux, on loue la beauté d’Olga, le dimanche, on vient faire son tiercé auprès de Titi, le père Grignon, à la table de belote refait le monde en gueulant, Bébert le beau-frère raconte l’Indochine, la Miette et Armand parlent de robinets…

C’est un café de village, un café d’habitués !
Si vous n’êtes pas d’Issigeac, vous êtes perdus, car difficile de savoir qui est qui ici, où chacun est affublé d’un sobriquet.

Autour de Joliette, le premier, jamais en reste, suivent ses copains Nano, Neness, Charly, Ninou et même Dany.
Devant des Pastis, des heures durant, il y a Baba, Bibi et surtout Baby !
Plus tard, dans la soirée, arrivent les assoiffés du dijo, Grand Sec ou Chat maigre, Chocolat, le Drôle, la Calotte du Cepe et Joseph payent les tournées de Triple sec et de Jet.

Le dimanche après midi, après le rugby, les filles viennent se mettre au chaud et jouer au loto.
En attendant leurs amoureux, elles crient « quine » aux numéros annoncés par Titi.

Les « Touille Touille, – Quine à la salle des Fêtes, – Café de l’Europe au téléphone » résonnent encore dans nos têtes…

Et c’est aussi chez Olga, devant ses yeux bienveillants, que les couples se forment pour la vie, Chantal et Jean-Pierre, les Véro et Philippe, Marie-France et Yves, Jean-Pierre et Nathalie et tant d’autres…

L’ambiance est à l’intérieur mais aussi à l’extérieur.

Aux beaux jours, on s’installe sur le trottoir. Les voisines, Tantane, Domie et Viviane discutent en fumant; les garçons roulent des muscles en pliant les panneaux de signalisation, Philippe Marcelot et Jean-Marc Conte se reconnaîtront… Certains font du Karaté dans la rue, d’autres de la Boxe. D’autres encore, Pompon, Riquet, Baby orchestrés par Cathy lancent leurs bâtons de majorettes au milieu de la rue, départ de la kermesse.

Aux grandes heures de l’apéro des années 80, on se bouscule autour du comptoir : un verre à la main, Doudou, Bibiche, Mamouth, Calou, le Tueur de Mouches, Riri, Jean-Patrick et la Fraise chantent pendant que Bouich, dit le Nain, fait sauter les clous de la paroi du zinc en battant la mesure.
Les Belles au mascara ne sont pas en reste, la Zouzoune, Patou, Maryse, Mme Castagné allias Marielle, Germine, les Carmélites et moi-même y vont du refrain jusqu’à l’apothéose où, le Rat monte sur le comptoir, baisse son pantalon et montre ses fesses. Vous vous souvenez du miroir… c’est là qu’il avait toute son importance !!!!

Alors que quelquefois les limites du raisonnable étaient franchies, Olga toujours veillait. Elle planquait les clefs des voitures, faisait cuire des pâtes, couvrait les endormis…
Cette galerie de portraits aux cocasses sobriquets a entouré Olga jusqu’à ce moment jamais imaginé, la fermeture définitive de NOTRE café.

Il fallait bien qu’elle se repose notre Olga, elle qui a toujours été fidèle au poste, sans jamais un jour de fermeture; elle sortait peu, pas de courses chez Tissu ou chez Martignag seulement quelques achats chez Melle Gay.
Ne lui parlez pas non plus de caisse enregistreuse, le tiroir s’ouvrait souvent et pour les moins riches, le cahier fonctionnait beaucoup.
J’espère que tout ce qui a été bu a été payé, mais j’en doute, Olga était trop généreuse pour réclamer.

À cette époque, les réseaux sociaux et leur lot de solitude et d’isolement n’existaient pas, fort heureusement.
Chez Olga, tout au contraire, on se regroupait, on parlait beaucoup et, souvent, on rapprochait les tables pour jouer au Tarot.
Là, Chauv, roi de la garde sans, avait devant lui pour renchérir, Dédé. Celui-ci posait sa cigarette sur le paquet de cartes où si elle tenait droite, annonçait, garde contre.
Olga même après l’heure légale, pour ne pas avoir d’appel, fermait les rideaux et, avec Françoise encore en treillis, riaient de nous voir jouer, tout en essuyant la vaisselle.

Allez, j’arrête là car on pourrait noircir des pages et des pages pour relater toute cette vie de café.
Excusez mes élucubrations de souvenirs, que ceux que je n’ai pas nommé me pardonnent ainsi que tous ceux qui sont partis trop tôt, de toute façon, on fait tous partie de la grande famille d’Olga.
S’il vous plaît, suivez-moi une dernière fois, passons par la porte du côté, et cette fois pas pour pisser, il est temps de refermer la porte du café.

Chère Olga, vous êtes précieuse à nos yeux pour votre beauté de reine et votre bienveillance envers nous tous. D’ailleurs, encore et toujours, vous êtes entourée de jeunesse avec les joueurs de rugby, vous qui êtes Présidente d’honneur et Première Supportrice de l’UAI.

Je sais que vous n’aimez pas la nostalgie, que vous n’êtes pas passéiste, vous qui êtes, définitivement tournée vers l’avenir.
Alors félicitations encore pour votre longévité et sachez, très chère Olga que vous êtes dans nos cœurs pour l’éternité.

Véro Chauveau-Laforêt / 7 avril 2024

2 Replies to “Centenaire d’Olga”

  1. Letourneur chantal

    Merci pour ce bel hommage à Notre Olga. L’émotion était perceptible chez chacune de nous et dans les yeux d’Olga aussi. Merci à sa famille d’avoir organisé ces belles rencontres avec autant de gentillesse et de générosité.

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