Science-fiction

Issigeac fut le lieu de pèlerinage de la science-fiction entre 1974 et 1986, période où y résidait Michel Jeury, auteur phare de la SF des années 1970-1980.

De nombreuses personnalités de la SF, reconnues ou en devenir, ainsi que des philosophes vinrent à Issigeac pour rencontrer le maître du genre après la parution du « Temps incertain », livre également considéré comme une référence du Nouveau Roman. La SF de Jeury joue sur la déstructuration du temps, annonce de façon visionnaire l’emprise des multinationales et les risques écologiques (par exemple, Poney Dragon paru en 1978 est un roman dont l’histoire tourne autour de l’explosion d’un surgénérateur en russie).

En 2013, la route de Bergerac a été nommée “Rue Michel Jeury” en hommage à l’auteur – de son vivant – lors de l’inauguration d’une exposition consacrée à son œuvre (tant de science-fiction que de romans de terroir). L’exposition a depuis voyagé à Amiens, La Toussuire et Bordeaux (puis Nîmes en février 2019). Elle est gérée par l’association des Amis de Michel Jeury, 38 rue du Cardenal à Issigeac (http://www.jeury.fr).

L’une des idées phares de Michel Jeury, la chronolyse, a été trouvée sur l’un des chemins de randonnée menant à Maine Chevalier où Michel Jeury aimait boire un verre de vin avec ses amis viticulteurs.

Voici un extrait d’un texte de Dominique Warfa décrivant son pèlerinage à Issigeac :

« Michel a beaucoup aimé Liège, et je me suis pris de l’envie de découvrir Issigeac. Je dus patienter un an, et en juillet 77 je descendais sur les routes du Sud en compagnie d’un vieil ami. Nous allions faire halte en Périgord. Mais pour y parvenir, nous avions roulé toute la nuit entre la Loire et le pays des croquants. Et sur la fin de cette nuit, quelque part entre Périgueux et Bergerac, nous avons basculé dans l’univers jeuryen ! Le petit jour pointait lentement dans des camaïeux de rose et de mauve, lorsque tout d’un coup l’horizon devant nous se zébra d’éclairs d’un blanc aveuglant. Pas de pluie. Pas de roulements de tonnerre (du moins ne les avons-nous pas perçus). Mais surtout : pas de pluie. En un instant nous étions environnés d’une lumière blafarde presque continue, comme si la foudre se ramassait sur nos têtes. Ceux qui ont lu Ouragan sur le secrétaire d’État ont compris : nous étions en plein cœur d’un de ces orages secs décrits dans le récit. Lorsque j’ai raconté l’anecdote à Michel, le lendemain, il s’est contenté de sourire. Je crois que c’est là, et durant les trois jours qui ont suivis, que j’ai compris l’une des clés de l’univers jeuryen : le terroir. Le terroir qui traverse toute son œuvre, comme en diagonale, le Périgord présent au cœur des hypersystèmes. »